En tant qu’être vivant, nous sommes soumis aux cycles successifs de la nature. Les saisons font partie des cycles de la vie qui sont plus ou moins marqués en fonction de notre lieu géographique et de notre constitution ayurvédique. Nous ne vivons pas de la même façon le jour que la nuit, ou encore l’hiver que l’été. La Terre est plus proche du Soleil en hiver, mais paradoxale est la période de l’année où nous recevons le moins de lumière solaire et donc moins de chaleur. Les journées sont plus courtes, les nuits plus longues, la froide humidité s’installe pour se cristalliser parfois en neige ou en glace… La luminosité décroît et pour bon nombre d’entre nous, il peut sembler ardu de s’adapter aux transitions saisonnières et aux variations du thermomètre.
En Ayurveda, cette médecine ancestrale indienne, l’hiver est une saison où il y a une accumulation du dosha Kapha. On remarque le froid, la lourdeur et l’humidité, qui sont les principales qualités de ce dosha composé d’eau et de terre. Le froid hivernal influe sur notre corps, affectant les muqueuses nasales et les poumons, les rendant plus sensibles aux déséquilibres manifestés sous forme de mucus, grippes, rhumes, léthargie, et paresse, entre autres.
À l’image des arbres qui se dénudent de l’extérieur, révélant fièrement leur solide structure de branches, à l’intérieur, au plus profond de leurs racines, la sève créatrice des bourgeons de demain bouillonne déjà. Nous, êtres humains, pouvons suivre cet exemple silencieux de Dame Nature. Adoptons l’attitude des animaux qui choisissent l’hibernation, imitons les plantes qui se retirent dans la terre pour se régénérer. L’hiver nous adresse cette invitation silencieuse. À nous de la saisir et, malgré le froid, de veiller à la circulation harmonieuse de notre sève intérieure.
Véritable éloge de l’introspection, l’hiver est symbolique d’un mouvement de repli, une migration de l’extérieur vers l’intérieur, du périphérique vers le centre du cœur, de l’apparence vers l’essence. Cette trêve hivernale devient essentielle pour préserver notre bien-être physique et mental. On se donne la permission de se retrouver avec soi-même, de faire le tri pour débarrasser nos espaces intérieurs du superflu, et de revoir nos priorités. Cette pause ne signifie pas apathie, et encore moins inaction. Bien au contraire, il s’agit d’entretenir ce feu intérieur en restant actif.
C’est la saison idéale pour s’accorder une parenthèse de bienveillance corporelle et mentale, se déconnecter des réseaux, mettre de côté les sollicitations extérieures, et s’autoriser une activité de choix pour chérir pleinement la présence du vivant et la régénérescence. Protégeons nos organes et articulations en portant des vêtements chauds et couvrants. Entourons-nous de couleurs chaudes et vibrantes, comme l’orange, le rouge et le jaune. Mangeons chaud et sans outrance des aliments cuits, buvons des boissons chaudes et entourons-nous de personnes aimantes. Et surtout, offrons-nous un sommeil profond et réparateur, essentiel à notre équilibre intérieur.
Le froid de l’hiver affecte notre corps en ce sens que les muscles sont moins flexibles, les articulations se font raides. Il faut donc rester vigilant lors des activités au quotidien tout comme pendant la pratique du Yoga. Il est bon de respecter le corps et ses limites, en étant doux avec soi-même, à l’écoute du corps et du souffle. Du côté des postures, afin de réchauffer et lubrifier le corps et de booster le système immunitaire, les postures revigorantes et expansives chassent la grisaille de vos pensées, aident à dégager les voies respiratoires et à l’ouverture du cœur. Les postures de flexion avant invitent à l’introspection et ont pour vertu d’équilibrer le système nerveux.
Profitons de la pénombre pour allumer une bougie et savourer le silence apaisant. Les jeux des différentes respirations seront un atout majeur pour réchauffer ou apaiser le mental et le flot incessant des pensées vagabondes. Tous nos sens, nos serviteurs silencieux, qui, tout au long de notre vie, nous servent avec une grande humilité, réclament parfois une déconnexion. Pratiquer “pratyahara”, le retrait des sens selon le yoga, permet de revenir à l’essentiel. Et pourquoi pas s’essayer à une séance de Yoga Nidra et d’en faire un usage ressourçant pour un lâcher-prise bien mérité.
C’est le moment de réveiller vos cœurs d’un enthousiasme enfantin, de tendresse et de joie, pour votre plus grand bien ! Redonnez un coup d’éclat à la nature monochrome de la saison d’hiver, sortez votre palette de gouache aux couleurs chatoyantes, avec un beau jaune soleil, jaune mimosa ou jaune citron pour peindre un tableau, un mandala, ou tout autre sujet libre afin de réveiller votre créativité, évitant ainsi toute inertie.
Bientôt, le printemps arrivera et les sens pourront se réveiller au rythme de la végétation pour redécouvrir les tendres couleurs, les douces fragrances, les sons et les sensations que nous offre chaque année la merveilleuse Dame Nature enchanteresse. En somme, l’hiver devient un voyage intérieur, une aventure au cœur de soi-même, à apprendre à bien doser nos efforts, savoir ne pas en faire trop, ni en faire trop peu, cela s’appelle « la voie du milieu ».
À méditer…